Cet écureuil est très mal élevé. Il se croit chez lui — alors qu'il est chez nous.
En plus, il me tourne le dos en prenant le repas que je lui ai aimablement servi. Très galant de sa part :
Môôôssieur ne répond même pas quand je l'appelle. Je lui susurre pourtant gentiment : "Coucou mignon Roussi, viens ici p'tit Roussi !"
Tu parles, rien à faire.
Mais suis-je bête, on est en Champagne ici ! Bien sûr, ce pauvre chou ne comprend pas le parler parisien.
Alors je change de ton et je me mets à gueuler à la manière d'ici :
"Eul' Roussi, eul' Roussi, viens don' t' faire vouuère par ici, bougu' eud' Diou !"
Résultat : il s'est enfui tellement vite le long du tronc que le déclencheur de mon appareil n'a pas été assez rapide. Pas réussi à capter l'ombre d'une queue touffue !
Mais je l'ai eu plus tard :
De toute façon, il a suffi que je lui dépose trois noisettes sur l'herbe pour qu'il déboule comme un filou qu'il est. Mais en prenant tout son temps, attention : il faut que je sois patiente...
Je trace un chemin progressif vers la maison (une noisette avant la plate-bande, une dessus, la dernière après, au plus près de la maison) :
Notre petit chéri a fini par descendre plus vite que la foudre. Tu penses.
Il se sert comme un impudent, il me regarde en biais, il fuit, il revient, il me nargue, il revient toujours. Et je lui refile toujours des noisettes. Bah, mon père aussi le trouvait mal élevé mais il lui a toujours filé des noisettes et des noix.
Jamais "merci", hein — non, tu ne voudrais pas ! —, mais monsieur sait se rappeler à notre bon souvenir avec ses petits airs attendrissants : "Eh mais j'ai pas droit à mon déj aujourd'hui ?"
Quand il est posté là, calé sur sa queue, il me rappelle le suricate — l'un des animaux les plus craquants au monde :
Ces dernières années, on en a trouvé plein partout, des bébés noisetiers et noyers qu'il a plantés : ce cornichon enterre ses graines et les oublie dans le sol.
Avec lui, on pourrait avoir toute une plantation sans se fouler ! Je vais lui acheter des noisettes de compétition, n'empêche : tant qu'à faire, qu'il nous plante quelque chose d'intéressant...
Il paraît qu'ils sont plusieurs écureuils ici ; lui, mon p'tit Roussi, il jouerait avec un copain tous les matins sur la pelouse devant la maison, vers 6 ou 7 h du matin. C'est le jardinier de mon père qui me l'a dit... — et demain, ce bel homme vient tailler des haies à 6 h du mat'... de quoi me donner doublement l'envie de mettre mon réveil, moi. ;-)
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Mots-clés : nature, écureuil
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